L'alimentation bio est plus chère. la différence avec un aliment de qualité médiocre est élevée, de 30 à 100%. Dès que l'on compare avec des aliments de qualité certifiée, label rouge, fermier etc, la différence est moindre parfois nulle.
Comment le bio est à ce prix?
D'abord parce que nous acceptons ce prix en achetant! Le prix est un prix de marché!
Le prix du bio arnaque ou effet volume?
Nous entendons un discours tout à fait erroné à propos de l'agriculture biologique.
Le bio est encore une niche dans l'alimentaire (2 milliards d'euros), mais c'est une niche porteuse avec une croissance moyenne de 15% par an depuis 2005. Dans la lignée de la santé, l'environnement devient une variable clé dans la consommation alimentaire. Le biologique permet donc de répondre à ces deux attentes fortes du consommateur. Côté distribution, les circuits mass-market continuent leur montée en puissance et drainent désormais 60% des ventes grâce au développement des gammes MDD en GMS et l'ouverture de magasins spécialisés. Côté offre, en revanche, la production ne suit toujours pas. C'est la question du made in France, il y a beaucoup de yaka, de nationalistes protectionnistes mais ils ont oublié de réformer le marché du travail essentiel car la production bio demande plus de main d'oeuvre et de supprimer les subventions source principale de distorsion de production en France!
La problématique de la production reste centrale. Le Grenelle de l'environnement a marqué un tournant positif dans la volonté politique d'accompagner le développement de l'agriculture biologique française. Bon mais accompagner cela veut dire subventionner en terme clairs. Et bien sur les aides colossales à l'agriculture intensive ont un effet persistant d'éviction dans les choix des agriculteurs. Néanmoins, en l'état, le retard de la France semble difficile à combler : insuffisance des aides prévues pour atteindre l'objectif de 6% de SAU en 2015, manque de structuration de la filière... Compte tenu du contexte économique, il est difficile de tabler sur une révision à la hausse du montant des aides. Le recours aux importations va donc inévitablement s'amplifier pour pouvoir répondre à l'augmentation de la demande. Le risque afférent aux importations est double :
- Un risque de banalisation des produits en raison de cahiers des charges moins exigeants à l'étranger, même si cet argument est avant tout protectionniste et qu'il ne vaut que pour certains pays la majorité étant au niveau ou plus avancés que la France ;
- Un risque de ternissement de l'image lié à la distorsion entre les valeurs de proximité véhiculées par le bio et l'éloignement des ressources importées.
- Ainsi la consommation d eproduits bio accélère le déficit commercial de la France et ce n'est pas un moindre paradoxe
Les perspectives du marché sont bien orientées et les évolutions à attendre sont les suivantes :
- Une baisse des prix progressive . L'essor des MDD et le recours aux importations vont permettre une baisse des prix du bio nécessaire pour recruter de nouveaux consommateurs et pour faire face aux tensions croissantes sur le pouvoir d'achat ;
- Un gain de part de marché des circuits mass-market
- La bi-polarisation des positions des distributeurs entre militantisme et business
- L'essor des supermarchés bio adossés à des réseaux intégrés (GMS ou réseaux spécialisés)
- La poursuite de la progression de la vente directe grâce aux AMAP ;
- Le développement en restauration collective (par rapport aux objectifs du Grenelle) qui suppose un assouplissement des cahiers des charges et des appels d'offres ;
- Le déclin des magasins indépendants, l'absence d'organisation étant problématique face à la maîtrise de l'approvisionnement ;
Une reconfiguration de la distribution est donc à prévoir. Les réseaux spécialisés devraient se concentrer et étendre leur parc suivant deux modèles :
- Les Opportunistes (La Vie Claire, Biomonde...) prennent modèle sur la grande distribution en s'appuyant sur une clientèle mixte, des gammes MDD, un recours aux importations si nécessaire...
- Les Originels (Biocoop, Satoriz...). A la fois militants de la première heure et gestionnaires de réseaux, ils cherchent à structurer tous les maillons de la chaîne : la production via des partenariats gagnants-gagnants avec les producteurs, la commercialisation avec une volonté de maillage territorial systématique... Pour autant ils restent très chers en terme de prix mais aussi très haut en qualité. Ce qui est le plus onéreux c'est le bioproduit alors que les aliments bruts sont excellents et de prix plus acceptable.
De son côté, la grande distribution va poursuivre sa montée en puissance. Le développement d'une offre biologique dans les enseignes participe à la construction d'une image positive et au positionnement sur un segment de marché dynamique.
Plusieurs stratégies coexisteront :
- Les Proactifs, qui se réfèrent aux valeurs historiques du bio, vont renforcer leurs positions sur le bio. Les Pionniers (Carrefour, Casino/Monoprix), forts d'une expertise ancienne sur le marché bio, déploieront des formats spécifiques au bio et intègreront des chaînes spécialisées (Monoprix/Naturalia). Les Nouveaux Bâtisseurs (Auchan,Système U), eux, testent de nouveaux concepts en phase avec leur positionnement fondé sur la qualité et le service. Ce qui pose problème c'est la qualité. Les fruits et légumes sont de qualité très variable, pour le reste on note une amélioration énorme dans les deux dernières années tant du point de vue qualité qu'étendue de la gamme;
- Les Attentistes, plus axés sur les valeurs de marché, seront plus réservés sur le développement du bio. Les Minimalistes (comme Cora) accorderont une place limitée au bio car leur zone de chalandise n'est pas forcément adaptée à des gammes dont les prix peuvent être en décalage avec leur cible de clientèle et leur localisation. Enfin, les Réalistes (comme Leclerc) ont délibérément fait le choix de mixer Bio et Equitable, le discours prix restant prioritaire. Mais cette stratégie porte en elle un certain degré de confusion qui ne convient pas à ceux qui veulent acheter du bio sans trop avoir a vérifier...
C'est le discours écolo classique mais il y a loin de la coupe aux lèvres! Pour l'instant c'est un échec la proximité ne fait pas baisser les prix malgré les couts croissant du transport. Les causes sont multiples tout au long de la chaine de production/distribution. Mais la principale c'est que le consommateur accepte d'absorber les marges des uns et des autres qui sont sensiblement plus élevées que dans le conventionnel. Jusqu'à quand? En tout état de cause le bio aura laissé passer l'occasion de restructurer l'agriculture de proximité en lui offrant un large marché. Le bio même s'il se développe en terme de marché reste une zone de consommation des classes moyennes à revenu élevé. C'est là aussi un paradoxe parfaitement occulté par les militants.
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