C'est un sujet très intéressant car de nombreux français et françaises prennent des suppléments nutritionnels dont des multivitamines.
Quelle influence ces multivitamines peuvent avoir sur le risque de cancer?
L'idée de départ est bien évidemment de supplémenter une alimentation supposée déficiente à savoir l'alimentation industrielle. On peut dire qu'en biologie il y a loin de la coupe aux lèvres. De surcroît le breuvage peut se révéler dangereux. C'est ce que démontre Susanna Larsson dans un article récent à propos du cancer du sein. Chez les femmes qui déclarent prendre des multivitamines le risque de cancer du sein est plus élevé.
Comment peut s'expliquer ce résultat épidémiologiqueobservationnel?
Les multivitamines contiennent en effet de l'acide folique et ce dernier peut être un stimulant de la croissance tumaorale. Pourquoi les suppléments et pas les folates alimentaires?
Tout simplement parce que l'effet des folates obéirait à une courbe en U, à faible dose et à forte dose il y aurait une augmentation du risque. Par ailleurs les folates des suppléments vitaminiques seraient plus disponibles et d'autres substances biochimiques présentes dans les aliments entiers sont absentes et pourraient réguler l'action des folates sur la croissance des cellules (2).
En conclusion il est hasardeux de se supplémenter en folates et probablement en zinc. En effet cette étude n'est pas la première sur le sujet qui donne de tels résultats. L'alimentation naturelle est riche en folates à condition de manger des abats (foie), des gumbos ou des épinards et de ne pas boire trop d'alcool. Il faut préférer l'apport en folates alimentaires et en matière de supplémentation éviter les cocktails qui contiennent trop de vitamines ou de nutriments différents. Les supplémentation vont progresser pour inclure aussi des substances phytochimiques lutéine, béta carotène et d'autres qui ont une action synergique antioxydante et anticancéreuse plus proche de l'aliment entier, mais là aussi il faudra passer par des études cliniques dès lors que l'on teste un extrait alimentaire. Il faut aussi rappeler que notre génomique module l'effet des vitamines et des autres nutriments conditionnellement essentiels dans un sens qui nous est actuellement totalement inconnu. Les cellules cancéreuses peuvent exprimer un nombre beaucoup plus élevé de récepteurs aux folates, les cellules normales de certains individus aussi ce qui rend dans ce cas la supplémentation inappropriée ou dangereuse.
C'est le sens du message de l'AICR:
“Although researchers like to study the effect of promising nutrients in isolation, it’s unclear whether a given vitamin or mineral behaves the same way when it’s consumed as a supplement as when it’s consumed in a whole food,”
“Because of such complexities and lingering questions, The American Institute for Cancer Research recommends looking to the whole diet to get the vitamins, minerals and phytochemicals that potentially help protect against cancer,”
Références
(1) Multivitamin use and breast cancer incidence in a prospective cohort of Swedish women
Susanna C Larsson, Agneta A°kesson, Leif Bergkvist, and Alicja Wolk
AJCN. First published ahead of print March 24, 2010 as doi: 10.3945/ajcn.2009.28837.
(2) Cuskelly G. J., McNulty H., Scott J. M. Effect of increasing dietary
folate on red-cell folate: implications for prevention of neural tube
defects. Lancet 1996;347:657-659
jeudi 22 avril 2010
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