lundi 2 août 2010

Les antinutriments et la dysnutrition sont un des facteurs du diabète type 2 (1ère partie)

Le diabète type 2 est une maladie dite de civilisation. En réalité ce terme devrait être abandonné car ce n'est pas la civilisation qui entraîne le diabète de type 2 c'est la transformation de nos habitudes de vie et d'alimentation.

 

 

Le paysage épidémiologique mondial du diabète type 2


Actuellement dans tous les pays à mode de vie occidental c'est à dire ayant un mode d'alimentation très industriel et un mode de vie très sédentaire le diabète type 2 (DT2) est une épidémie. Ceci permet de souligner qu'il ne s'agit pas d'une maladie des seuls pays développés, c'est vraiment une maladie de la transition alimentaire et de dépense énergétique du mode ancestral vers le mode industriel, la prévalence étant en quelque sorte d'autant plus grande que la transition est brutale. La disponibilité quasi-infinie de l'énergie et de l'alimentation a un revers terrible qui comprend l'obésité, le DT2 mais aussi d'autres pathologies.

On avance des chiffres qui sont très approximatifs car ils dépendent des systèmes de soins, des définitions, et finalement du niveau économique des sociétés en question non pas sur un plan moyen mais à travers les différentes classes de revenus. Par exemple la prévalence du DT2 est considérablement sous estimée dans les populations migrantes et récemment sédentarisées qui accèdent à une alimentation riche en calories et sucres rapides ad libitum.

Les chiffres qui suivent sont à mon avis largement sous estimés. Il y aurait 220 millions de diabétiques dans le monde dont 23 millions en Chine; en 2005 selon l'OMS 1,1 million de personnes dont décédées du DT2. La mortalité est concentrée dans les pays à faibles revenus (80% selon la même source) et cette mortalité est légèrement plus élevée chez les femmes qui à la différence de l'athérome ne sont pas "protégées" par leur statut hormonal de femme fertile.


Une maladie sournoise et grave 


Le diabète type 2 est un tueur sérieux et appliqué. Il est d'abord silencieux et ses méfaits surviennent alors que les messages sont rassurants: "mon sucre est à peine au dessus!". Combien de fois ai-je entendu cette réponse de personnes qui s'étonnent d'avoir un vaisseau bouché ou bien des complications graves du pied diabétique.

Figure N°1

Pied diabétique dit de Charcot après une évolution de plusieurs années chez une personne qui pendant des années n'a pas eu connaissance de son diabète.


De quoi s'agit il?

Quand on ingère des hydrates de carbone ils sont rapidement digérés et des sucres simples glucose, fructose sont mis en circulation dans le sang. Soit ces sucres sont utilisés soient il sont stockés. L'insuline joue un rôle clé au niveau de toutes les cellules dans ce mécanisme en ouvrant les portes des cellules au glucose, en particulier les cellules musculaires qui oxydent les sucres pour produire de l'énergie qui sert à actionner les fibres musculaires. L'insuline agit aussi au niveau des cellules en général car toute cellule a besoin d'hydrates de carbone pour fonctionner à l'état basal.

Quand le glucose reste élevé dans le sang par défaut de ces mécanismes d'utilisation et de régulation s'installe un état chronique d'hyperglycémie qui a des conséquences redoutables sur l'ensemble de l'organisme. L'homéostasie du glucose dans le sang fait partie de ces régulations fines de substances dont un minime excès chronique perturbe considérablement différents mécanismes biochimiques et surtout qui n'a jusqu'à ces dernières décennies jamais été sous pression car la ressource alimentaire retsait rare car limitée par la dépense énergétique nécessaire au cycle production/collection/transport/transformation(s)/consommation.

Soit l'action de l'insuline est entravée ou diminuée, soit la sécrétion de l'insuline par les cellules Béta du pancréas est insuffisante. mais il y a aussi des causes périphériques, par exemple la sédentarité diminue la dépense énergétique mais aussi altère la constitution du tissu musculaire qui non seulement perd des fibres mais surtout des mitochondries les usines à énergie qui consomment glucose et lipides.


Un défi à la nutrition conventionnelle

Le traitement du DT2 est un modèle assez parfait de ce que le système de soins peu produire d'inefficace. En toute chose il faut en effet du point de vue de l'efficacité considérer non pas les intentions mais les résultats. Force est de constater qu'ils sont assez médiocres s'agissant de l'essentiel:

-perte de poids

-arrêt du tabac fumé

-éviction des hydrates de carbone rapides, il n'y a pas d'ordre car les trois sont essentiels.

Les patients sont en général précipités dans un traitement médicamenteux car c'est plus facile, gratuit et que se glisse déjà l'idée chez le patient et parfois chez le thérapeute que le DT2 est une maladie qui nécessite une allopathie comme l'infection un antibiotique.

C'est que les préceptes nutritionnels qui sont communiqués aux patients sont très anciens et pour la plupart sans fondement scientifique.

Le principe d'un régime est assez mal expliqué et parfois de manière complètement erronée. Par exemple la question de la consommation de fruits frais dont les diabétiques type 2 ont été privés pendant des décennies, ensuite des questions plus difficiles comme l'index glycémique (IG) ou la charge glycémique (CG) pourtant désormais accessibles sur téléphone portable grâce à de petites applications bien utiles, sont la plupart du temps ignorées des patients mais aussi de certains soignants!

Répéter à un individu ayant un DT2: "Mangez équilibré", "attention à l'hypoglycémie" sans mettre en place un programme d'éducation thérapeutique est tout simplement lui ôter des années de vie! La pratique de l'exercice physique à travers un programme de réentraînement, le calcul très serré des calories et la compréhension de l'IG et de la CG sont absolument essentiels et doivent être réussis tout autant que l'ingestion d'hypoglycémiants oraux ou les injections d'insuline...

En particulier les rations d'hydrates de carbone sont très généralement surestimées et conduisent à l'échec de l'amaigrissement. Les patients pour la plupart ignorent que les amidons cuits et raffinés sont des sucres rapides c'est à dire des sucres ayant un IG élevé!

Enfin il faut bien souligner que l'étiquettage des produits industriels est un véritable défi pour le DT2! Il est en pratique impossible de faire un bilan calorique correct car les calories sont rapportées à des quantités qui ne représentent pas la totalité du produit acheté, les IG ne sont pas mentionnés et la CG non plus... Le régulateur dans ce domaine est totalement inefficace ce qui a des conséquences désastreuses.


A partir des données les plus récentes on peut avancer que le système de soins avec son orientation curative presque exclusive est très mal dimensionné pour s'occuper des DT2. C'est préoccupant car il s'agit d'un poste de dépenses important et tout ce qui est dépensé en traitement des complications ne l'est plus pour l'éducation thérapeutique.







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