"Le lait et les produits laitiers sont indispensables à notre santé, à tous les âges de la vie. Le calcium qu'ils contiennent contribue massivement à assurer la solidité osseuse et la croissance de l'enfant et à protéger efficacement contre l'ostéoporose."
Hum!
Voyons les preuves.
Tout d'abord il ne faut parler du lait mais des laits. Ensuite lait et produits laitiers sont bien différents. Elémentaire mais JMB fait dans la confusion généralisatrice et c'est bien évidemment une source d'erreur majeure.
En effet rien de comparable sur le plan nutritionnel et des conséquences métaboliques entre le lait humain et le lait de vache, le lait cru et le lait pasteurisé, le lait fermenté, le petit lait ou le lait Ribot, le fromage frais de chèvre et un fromage cuit de vache, un yaourt nature et les produits laitiers avec sucre, fructose et multiples arômes de fruits etc... Ce point est essentiel car l'agrobusiness veut nous faire boire encore plus de lait en pratiquant un amalgame simpliste.
Nous allons tout d'abord parler du lait humain et du nouveau né.
Dans ce domaine après l'engouement pour les laits "maternisés" qui ne le sont pas on revient à l'essentiel, nourrir son bébé au sein est de loin la meilleure solution pour le nouveau né! Plus cela dure mieux c'est donc trois mois n'est pas le minimum syndical c'est trop peu. l'alimentation de la jeune accouchée est essentielle en particulier les apports en oméga3.
Ostéoporose.
Il est assez facile de lire les dernières revues récentes à ce sujet. Le lait ne prévient pas l'ostéoporose. C'est dommage mais c'est comme cela (3) et je trouve assez affligeant pour un scientifique de citer les autorités chinoises comme caution...
En revanche, l'activité physique, les fruits et légumes verts, les oméga3 longue chaîne et la vitamine D conservent le capital calcique, c'est un fait robuste.
"Les produits laitiers contiennent aussi des vitamines et des oligo-éléments en quantité ; on y trouve notamment sélénium et zinc aux fonctions antioxydantes majeures, ils apportent en outre des oméga 3, d'autant que nous mangeons trop peu de poissons et de fruits de mer, et nombre d'autres substances bénéfiques à la santé, y compris pour faciliter le sommeil..."
C'est bien sur le format de l'article qui oblige certainement JMB à faire un nouvel amalgame! Mais sur un point au moins son assertion est fausse dangereusement fausse: les omégas 3. Le lait apporte peu d'un seul oméga 3 l'acide alpha linolénique. Mais surtout les laits au maïs et soja soit les laits les plus courants apportent très peu de cet acide gras alors que les laits à l'herbe peuvent en apporter le double!
Ainsi les laits de vache sont très différents, si on veut apporter des oméga 3 il faut boire du lait à l'herbe difficile à trouver et que l'industrie empêche de labelliser. A défaut signalons que le lait bio apporte 0,7% d'acide alphalinolémique au lieu de 0,5% dans le lait de vache nourries aux céréales (maïs, soja) de l'apport total en acides gras. Enfin ce qui est important c'est que les laits à l'herbe sont plus pauvres en acide linoléïque l'acide gras mère des oméga 6 dont tous les nutritionnistes ont maintenant compris qu'il fallait le limiter en raison de l'inondation par cet acide gras du maïs dans la chaîne alimentaire, des animaux au lait, aux oeufs et aux poissons d'élevage. Ajoutons que s'agissant des acides gras oméga "longue chaîne" il n'y a pas d'apport important en dehors de supplémentation de l'alimentation des vaches ce qui pose d'autres problèmes en raison de l'hydrogénation de ces AG supplémentés dans le rumen! Les omégas 3 longue chaîne c'est bien sur le poisson sauvage gras!
"Il est beaucoup plus dangereux pour la santé de supprimer les produits laitiers que d'en consommer."
Une telle assertion est de la science nutritionnelle d'il y a 25 ans! Ou bien un lien sponsorisé mais en cliquant dessus je n'ai pas atteint le site de l'industrie laitière! Encore une erreur!
En réalité les conseils nutritionnels généralisés à toute une population relève d'une conception très datée celle de considérer les humains comme issus d'un clone unique. Nous sommes tous très différents et les conseils nutritionnels doivent être personnalisés!
Pour certains le lait de vache est parfaitement inadapté car le lactose suppose une lactase active ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Environ 15% d'entre nous digèrent mal le lactose et cela s'aggrave avec l'âge. C'est surtout une question ethnique et géographique:75 % de la population mondiale a une activité lactase faible, 90 % en Afrique et en Asie, 15 - 20 % en Allemagne et seulement 2 % dans le nord de l'Europe. L'autre constituant du lait de vache les caséïnes qui forment en coagulant la pâte des fromages sont parfois très mal digérées car il s'agit de protéïnes complexes et qui sont apparues dans notre alimentation d'adulte très récemment. Là aussi si le lait entraîne de la diarrhée il peut s'agir d'une difficulté à digérer la caséïne.
Autre difficulté très fréquente et largement sous estimée en pratique médicale, le lait contient deux nutriments qui sont insulinosécréteurs (lactose et caséïne) ce qui doit être pris en considération chez le diabétique! Diminuer les produits laitiers chez le diabétique conduit à une bien meilleur équilibre du diabète.
Quelle recommandation peut on avancer?
Si vous supportez bien le lait et n'êtes atteint d'aucune maladie chronique les produits laitiers au lait cru et fermentés sont certainement les mieux adaptés. Il est tout à fait probable que nous avons consommé ce lait fermenté depuis le début de la domestication des mammifères (< 10 000 ans) avant l'invention du réfrigérateur. Le lait cru fermenté spontanément à température ambiante est un excellent aliment et c'est un test de tolérance. C'est de surcroît très gouteux et riche en bactéries utiles. Essayez les différents laits disponibles en particulier le plus léger celui de chèvre. En aucun cas il est possible de recommander les produits laitiers industriels en dehors des yaourts nature, du kéfir au lait cru ou bien du petit lait et des fromages au lait cru.
Les diabétiques doivent être très prudents avec les produits laitiers car en plus de l'insulinosécrétion le lait et les fromages sont caloriques par leur apport en graisse et ne favorisent pas la perte de poids indispensable dans le diabète type 2.
Pour ceux et celles qui sont atteints d'une maladie chronique auto-immune l'éviction des produits laitiers pendant 6 à 8 mois doit être essayé avec une évaluation sur l'évolution de la maladie.
Pour autant il y a un point sur lequel je partagerai les précautions émises par JMB c'est celui du remplacement du lait par une solution hydrique de soja cuit, improprement et fallacieusement appelée lait de soja, ou bien de la même sauce avec du riz. Chez l'enfant en particulier et chez le garçon la consommation en quantité significative de phyto-oestrogènes de soja a des conséquences et doit être évitée. En revanche l'absorption calcique est la même entre un lait de vache et une suspension de soja enrichie au calcium (2), ce qui contredit l'avis péremptoire émis par JMB. Enfin il n'y a pas de différence de prise alimentaire de calcium entre les femmes ménopausées ostéoporotiques et les autres ce qui confirme l'étude de W. Willet...
Sur ce sujet on peut renvoyer dos à dos les tout lait et les tout soja. Ils sont simplement les idiots utiles d'une industrie qui cherche du chiffre d'affaires. Certains le font par aveuglement d'autres pour l'argent. Ce n'est pas nouveau.
En conclusion JMB est un chercheur au passé très solide. Il a publié plusieurs contributions importantes dans le domaine des acides gras et du cerveau notamment. En revanche ce sceau de respectabilité ne le met aucunement à l'abri du principe de réfutabilité qui est la base de la vérité scientifique. Ses conférences qu'il s'agisse de la viande ou du lait véhiculent des données absolument réfutables et non scientifiques. JMB est l'exemple type d'un problème franco-français. Une fois nommé à vie certains scientifiques français se croient à l'abri de toute critique scientifique. C'est une dérive de ce système rigide et centralisé qu'est l'enseignement universitaire dans notre pays. La nutrition humaine demande mieux que cette propagande pour le lait de vache industriel qu'a rédigé JMB.
Références
1/Hebeisen, D. F., F. Hoeflin, H. P. Reusch, E. Junker, and B. H. Lauterburg. "Increased Concentrations of Omega-3 Fatty Acids in Milk and Platelet Rich Plasma of Grass-Fed Cows." Int J Vitam Nutr Res 63, no. 3 (1993): 229-33.
2/
Asia Pac J Clin Nutr. 2010;19(2):243-9.
Calcium absorption in Australian osteopenic post-menopausal women: an acute comparative study of fortified soymilk to cows' milk.
Tang AL, Walker KZ, Wilcox G, Strauss BJ, Ashton JF, Stojanovska L.
School of Biomedical and Health Sciences, Victoria University, St Albans Campus, P.O Box 14428, Melbourne, VIC 8001, Australia. lily.stojanovska@vu.edu.au.
Abstract
Calcium loss after menopause increases the risk of osteoporosis in aging women. Soymilk is often consumed to reduce menopausal symptoms, although in its native form, it contains significantly less calcium than cow's milk. Moreover, when calcium is added as a fortificant, it may not be absorbed efficiently. This study compares calcium absorption from soymilk fortified with a proprietary phosphate of calcium versus absorption from cow's milk. Preliminary studies compared methods for labelling the calcium fortificant either before or after its addition to soymilk. It was established that fortificant labelled after it was added to soymilk had a tracer distribution pattern very similar to that shown by fortificant labelled before adding to soymilk, provided a heat treatment (90?C for 30 min) was applied. This method was therefore used for further bioavailability studies. Calcium absorption from fortified soy milk compared to cow's milk was examined using a randomised single-blind acute cross-over design study in 12 osteopenic post-menopausal women aged (mean +/- SD) 56.7+/-5.3 years, with a body mass index of 26.5+/-5.6 kg/m2. Participants consumed 20 mL of test milk labelled after addition of fortificant with 185 kBq of 45Ca in 44 mg of calcium carrier, allowing the determination of the hourly fractional calcium absorption rate (alpha) using a single isotope radiocalcium test. The mean hourly fractional calcium absorption from fortified soymilk was found to be comparable to that of cows' milk: alpha = 0.65+/-0.19 and alpha =0.66+/-0.22, p>0.05, respectively.3/ Feskanich D, Willet WC, Stampfer MJ, Colditz GA. Milk, dietary calcium, and bone fractures in women: a 12-year prospective study. Am J Public Health 1997;87:992-7.
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